Un mineur a des droits, quelle que soit sa nationalité
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L’un des principes fondateurs de notre mission d’accueil et d’accompagnement, est le respect de la personnalité et de la dignité de chaque être humain. La règle étant de s’abstenir de toute forme de discrimination ayant trait entre autre à l’appartenance ethnique, au sexe, à l’âge, à la religion, aux opinions politiques, à la couleur de la peau, à l’orientation sexuelle, au handicap et à la maladie.
Notre réflexion au sujet de l’actualité touchant à la problématique d’accueil des mineurs isolés étrangers, ne se situe pas seulement dans un rappel des règles de droit et de l’éthique professionnelle. Elle voudrait également apporter un éclairage différent, en s’appuyant sur les difficultés réelles des équipes éducatives au contact de ces jeunes.
On ne peut pas faire l’impasse sur le regard posé par la Société sur ces adolescents « isolés, étrangers en particulier » et sur les minorités en général.
Il nous semble important de rappeler que les difficultés auxquelles les équipes sont confrontées, ne sont pas le fait de ce public mais sont le résultat des écarts entre le prescrit et la tâche réelle. Ces difficultés sont dues à une surcharge de travail dans les services, surcharge concomitante à une baisse des effectifs et des moyens.
En effet, quand les conditions de travail se dégradent dans les foyers, inévitablement les conditions d’accueil se détériorent. La responsabilité de cette situation incombe aussi bien aux politiques qu’aux équipes de Direction.
Les échappées médiatiques discriminatoires du Président du conseil Général des alpes Maritimes à l’égard des mineurs isolés étrangers, ont été suivies malheureusement de fait. Ils font l’objet aujourd’hui d’une discrimination dans la prise en charge. Un accueil de 72 heures durant lequel l’adolescent n’est pas juridiquement admis à l’aide à l’enfance, mais simplement recueilli.
Qu’en est-il du seuil de tolérance de nos institutions ?
Une Société peut-elle refuser de protéger ses enfants ?
Car c’est bien d’enfants dont il s’agit. Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, dès qu’ils sont sur le territoire Français, nous en devenons tous responsables. La finalité de notre mission est bien de les protéger contre la maltraitance et de rompre avec leur isolement.
Ces enfants représentent-ils vraiment une menace pour la République, et pour nos institutions ?
Qui sont-ils : Délinquants ? Adolescents ? ou simplement « autres » ?
Ces Jeunes ne sont pas hors du temps. Ils sont comme tous les jeunes de leur âge. Ils sont parfois taquins et insolents. Ils s’autorisent des fugues. Ils vivent les mêmes quêtes identitaires, les mêmes remaniements et réorganisations psychiques. Ils vivent les mêmes pertes, même si leur accompagnement pose des difficultés aux professionnels, en les confrontant à la problématique de l’altérité culturelle et religieuse.
Il est vrai qu’ils sont un peu isolés, sans connexions sociales, un peu perdus. Ils sont un peu Immigrés, un peu Etrangers, un peu Africains, un peu Européens, un peu Asiatiques, un peu Roms, un peu Bosniaques, un peu Blédards……
Ils ne sont pas nés en France. Ils ont immigré d’un pays d’origine, pour s’exiler en France. Ils pourront un jour acquérir la nationalité Française par naturalisation ou bien conserver leur nationalité de naissance. Ils sont de nationalité étrangère, alors qu’ils auraient pu naître en France. Il s’agit bien d’une histoire de mot. Puisqu’un étranger n’est pas forcement un immigré et un immigré n’est pas forcement un étranger.
Parler des étrangers, c’est avant tout parler de gens que les autres tiennent comme tels. Car les immigrés comme les étrangers sont avant tout des travailleurs, des parents, des enfants……Leurs situations les placent simplement dans la problématique du minoritaire au sein d’une majorité, de ce qui est hétérogène dans l’homogène.
La présence de mineurs isolés étrangers, dans nos foyers d’accueil, n’est pas en contradiction avec nos missions. Leur trajectoire de vie présente au même titre que les autres mineurs, une certaine homologie : Une rupture familiale, sociale et affective.
Les envolées politico-médiatiques à leurs égards seraient-elles une réalité ou la construction sociale d’une jeunesse, d’une altérité, menaçante voire débordante ?
A quelles fins une Société entretient-elle le « Pharmakos » ?
S’agit-il d’un prétexte pour asseoir son leitmotiv sécuritaire ?
Envisager que ces adolescents soit un « danger », des êtres dérangeants afin de les mettre à nouveau dans la rue, dans un environnement dont ils sont à la fois exclus et prisonniers : C’est oublier les violences subies et les exclusions qui ont parsemé leurs trajectoires de vie.
C’est nier leurs droits fondamentaux : Droit à la protection de la vie privée, à une justice adaptée à leur âge, droit d’être protégé contre toutes les formes de violence, droit de ne pas être exploité, droit à l’éducation et aux loisirs, droit de s’exprimer, droit d’être entendu sur ce qui les concerne………..
C’est au Département, conformément au C. A S F, qu’il appartient d’organiser les moyens nécessaires à leur accueil et leur hébergement.
C’est aux Foyers de jouer leurs rôles socio-éducatifs permanents pour tous les enfants accueillis. C’est de leurs missions d’assurer la prise en charge de la vie courante des enfants et de leurs droits.
C’est aux travailleurs sociaux, chargés de mission de service public, de veiller au respect des principes des droits de l’homme et celui des libertés fondamentales : "C’est à chacun d’entre nous qu’il appartient de les faire siens (les droits de l’homme), de s’en imprégner, de les réaliser au jour le jour, à titre individuel aussi bien que collectif. En matière de droits d e l’homme, nous avons tous un devoir de conscience et de vigilance " Kofi ANAN