Retraites des femmes

samedi 6 mars 2010
par  sud-solidaires06
popularité : 12%

Depuis 1993, les réformes des retraites se
succèdent, touchant les secteurs privé, public, les
régimes spéciaux.

En refusant de s’attaquer au
problème de fond qui est l’inégal partage de la
richesse produite, elles ont entraîné une baisse
générale du niveau des pensions. A chaque fois, les
femmes paient le prix le plus fort et les réformes
creusent davantage les inégalités de pensions entre
les hommes et les femmes.

En 2010, de nouvelles mesures sont annoncées
concernant l’allongement de la durée de cotisation et
le report de l’âge de départ à la retraite de 60 ans,
qui toucheraient à nouveau particulièrement les
femmes. Celles-ci ont en effet des carrières en
moyenne plus courtes que les hommes : en 2004,
seules 44% des femmes retraitées avaient pu valider
une carrière complète contre 86% des hommes.

A cela s’ajoute le fait que l’âge du premier emploi est
de plus en plus élevé, notamment pour les femmes
en raison d’un plus fort chômage et en dépit d’un
meilleur niveau de diplôme. Cotiser un nombre
d’annuités toujours croissant pour obtenir une
pension à taux plein est donc de plus en plus difficile,
ce qui se traduit concrètement par une baisse des
pensions. Toute mesure allongeant la durée de
cotisation et repoussant l’âge de départ est dans les
faits discriminante envers les femmes.

Pour résoudre la question du financement des
retraites, au lieu de se focaliser sur l’emploi des
seniors, il serait plus efficace de favoriser l’emploi
des jeunes et des femmes. L’emploi des femmes,
outre qu’il est la condition de leur autonomie, est un
domaine où les politiques publiques peuvent jouer à
fond en supprimant les obstacles qu’elles
rencontrent, c’est-à-dire en luttant contre le temps
partiel non choisi, en développant des structures
d’accueil de la petite enfance, d’aide aux personnes
dépendantes, etc. Ces activités répondent aux
besoins sociaux et sont elles-mêmes créatrices
d’emplois.

Arrêter les régressions, améliorer les retraites, aller
vers l’égalité entre les hommes et les femmes, c’est
possible par le partage des richesses et le partage
de l’emploi.

Fortes inégalités
entre les femmes et les hommes

— >
En 2004, les femmes retraitées de 60 ans et plus percevaient
une retraite moyenne (droits propres, dispositifs
familiaux et minimum vieillesse) de 1 020 €
par mois, soit
62 % de celle des hommes (1 636 €).

— > Si on considère les seules pensions de droit direct
(sans pensions de réversion et sans dispositifs familiaux),
l’écart est plus fort : les femmes perçoivent 746€, soit
48% seulement de celle des hommes (1550€).

— > La fonction publique est moins inégalitaire : la pension
moyenne des femmes représente 77% de celle des
hommes.

— > La moitié des femmes retraitées avaient en 2004 une
retraite inférieure à 900 €
contre 20 % des hommes.

— > Du fait de l’insuffisance des droits acquis, les femmes
liquident leur retraite en moyenne plus tard que les
hommes (1,4 an pour la génération 1938).

— > Trois femmes sur dix doivent attendre l’âge de 65 ans,
borne à laquelle ne s’applique plus la décote qui abaisse
la pension en cas d’annuités manquantes. A noter quecette borne de 65 ans reculerait également si l’âge légal
de départ à la retraite est reculé, ce qui pénaliserait largement
les femmes.

— > Dans la fonction publique, la loi Fillon de 2003 a réduit
les majorations de durée d’assurance pour les enfants
dont bénéficiaient les femmes : depuis, pour compenser
cette réduction, l’âge moyen de départ en retraite des
femmes a reculé nettement plus que celui des hommes.

— > Les femmes sont majoritaires parmi les prestataires
du minimum contributif et du minimum vieillesse. Fin
2007, 70% des retraités du régime général percevant le
minimum contributif sont des femmes.

— > Les bonifications pour avoir élevé 3 enfants ou plus
rapportent deux fois plus aux hommes qu’aux femmes,
alors que ce sont les femmes qui sont en grande majorité
pénalisées par l’éducation des enfants. Ce qui vient du
fait que ces bonifications sont calculées en proportion du
salaire (10%).

— > Le risque de pauvreté est aggravé chez les femmes
seules, et cela est vrai dans toute l’Union européenne : un
quart des femmes retraitées isolées vivent sous le seuil
de pauvreté qui est défini à 60% du revenu médian national.

Des attaques contre

les dispositifs familiaux…

au nom de l’égalité !

Alors que les dispositifs familiaux
permettent de compenser – même
insuffisamment-les inégalités de
pension entre les sexes, les précédentes
réformes les ont réduit, et ils
continuent aujourd’hui à être remis
en cause, et cela au nom même de
l’égalité !

Ainsi de la majoration de durée
d’assurance (MDA) qui accordait
un an par enfant aux mères dans la
fonction publique et deux ans dans
le régime général.

Dans la fonction publique, la loi de
2003 a établi l’égalité entre hommes
et femmes … par un alignement par
le bas. De plus, les nouvelles modalités
incitent les mères à interrompre
leur activité : pourtant le modèle
social de l’interruption d’activité
pour s’occuper des enfants ne correspond
pas au choix des femmes
d’aujourd’hui et va à l’opposé de
l’égalité.

Dans le régime général, la remise en
cause de la MDA de 2 ans est arrivée
en discussion à l’automne 2009,
toujours au nom de l’égalité. Suite à
l’opposition syndicale, le gouvernement
a tranché provisoirement pour
un compromis : une année reste
attribuée aux mères, l’attribution de
la seconde doit se faire à l’un ou
l’autre des parents, conformément
au choix du couple, ce qui n’est pas
satisfaisant. Les inégalités dans le
privé étant plus fortes que dans le
public, les MDA y jouent un rôle
plus important de « compensation »
et s’y attaquer a des conséquences
plus graves.

Il est inacceptable de faire des économies
sur le dos des femmes en
supprimant ces dispositifs familiaux
qui restent indispensables pour atténuer
l’inégalité. Et il est cynique de
se réclamer du principe d’égalité
pour accroître les inégalités !

Les propositions de Solidaires

Les inégalités dans les pensions ne disparaîtront
qu’avec la disparition des inégalités sur le marché
du travail, avec notamment le droit pour toutes et
tous à un emploi à temps plein, de qualité. Cela
n’empêche cependant pas d’avancer un certain
nombre d’exigences immédiates :

 
Droit à la retraite à 60 ans, à 55 ans pour
les travaux pénibles et les régimes spéciaux,
reconnaissance de la pénibilité de métiers
occupés par les femmes.
 
Pas de retraite inférieure au SMIC.
 
Revalorisation du minimum vieillesse et
minimum contributif.
 
Abrogation du système de décote, qui
pénalise particulièrement les femmes.
 
Plan de rattrapage des salaires des
femmes au titre de la réparation des inégalités
(comme l’ont fait certaines entreprises), ce qui
contribue à augmenter les recettes en
cotisations pour les retraites et améliore les
futures pensions.

 
Majoration du taux de cotisation des
employeurs pour les emplois à temps partiel, par
exemple cotisation sur une base de temps plein
 
Répartition plus juste des bonifications
pour enfants

 
Remplacement des mesures de type de
l’allocation parentale d’éducation par une mesure
égalitaire de congé parental, c’est-à-dire destinée
à être prise par les deux parents.

 Amélioration du taux d’emploi des femmes
et diminution du temps partiel imposé ou « choisi
faute de mieux » par le développement d’un
service public d’accueil de la petite enfance, et de
services d’aide à la dépendance.

Le 23 mars,
en grève et dans la rue,
pour le pouvoir d’achat,
l’emploi et les retraites !

 


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