Déclaration générale SUD-Rail
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La direction SNCF continue de ne pas répondre aux revendications portées le 3 février dernier par des dizaines de milliers de cheminot-e-s grévistes contre le démantèlement, pour l’emploi au sein du service public et pour de réelles augmentations de salaire ! Elle pense qu’il suffit de proposer de nouvelles réunions aux organisations syndicales pour lever l’ultimatum qui lui a été adressé et éteindre les revendications.
Non seulement la direction SNCF n’apporte aucune réponse, mais le président Pépy se permet même de déclarer aux médias qu’il veut détruire le RH 0077 et augmenter le temps de travail des cheminot-e-s travaillant pour l’Activité TER, sans renoncer à le faire pour ceux du Fret, et dans l’attente de lancer la même chose pour l’Activité SNCF Voyages.
Malgré les mobilisations, la direction reste « droite dans ses bottes » et poursuit sa stratégie du passage en force, solidement appuyée par un gouvernement qui rêve enfin d’en finir avec la résistance sociale du monde cheminot. Ainsi, derrière le chantage à la rentabilité économique – et de plus en plus, financière -, le projet politique de casse de l’entreprise publique prend corps.
Après la création des Territoires Production Infra et l’extraction dans des Etablissements Infra Circulation des cheminot-e-s de la circulation au nom du dogme libéral, alors que les référentiels permettant de gérer les interfaces ne sont pas disponibles pas plus que nous n’avons l’assurance que le dossier est GAME, voici le temps des « réorganisations des EEV et EMF », c’est à dire de la tentative de mise en place non plus d’une gestion, mais d’une exploitation par Activité, TER ou SNCF Voyages.
Cette réorganisation constitue une très bonne préparation du terrain en vue des conclusions qui seront rendu par le Comité Grignon, et la possibilité de transférer des cheminots à statut de l’Activité TER dans une entreprise privée qui gagnerait l’appel d’offre pour tel trafic.
Car devant la "commission Grignon", la direction SNCF « défend l’option du transfert des personnels », à l’instar de ce qui se pratique dans les transports urbains ou en Grande Bretagne dans les transports ferroviaires régionaux ».
Donc les cheminot-e-s du TER partiraient avec le matériel à la concurrence avec la bénédiction de la direction SNCF aux conditions de travail d’une hypothétique convention collective qui serait bien en deçà du RH 0077 …
Si pour la région PACA, ce n’est pas l’option d’établissements (régionaux) de Branche qui a été retenue, les EEV Provence et Côte d’Azur sont structurés en UO dédiée, ce qui revient au même, voire pire dans la mesure où cela induit une spécialisation par lignes qui pourrait s’avérer encore plus facilement « transférable ».
Avec l’ensemble du personnel nécessaire puisque le projet d’UO dédiée concerne aussi bien les ADC que les ASCT, ou que les agents du matériel.
A propos de la « mixité vente/escale » évoquée dans le projet « EEV-EMF », les nombreuses expérimentations en cours dans les régions nous font craindre qu’il ne s’agisse pas d’un renforcement des collectifs de travail, mais plutôt d’une polyvalence forcée – notamment pour les UO TER - censée dissimuler la pauvreté des effectifs, et qui risque notamment de dégrader encore les conditions de travail à travers la mobilité imposée.
Sur la prise en charge de la sécurité en gare, alors qu’elle est aujourd’hui complètement coupée de la gestion de la sécurité des circulations, et que toujours aucun référentiel n’indique aux cheminots concernés comment gérer cette « cassure », 3 lignes pas plus pour rassurer le lecteur sur le caractère GAME de cette réorganisation. Rien notamment sur les formations qui seront dispensées aux acteurs de la sécurité des Activités Voyageurs.
Cet énième projet de réorganisation des EEV/EMF n’est pas plus acceptable que tous ceux qui nous ont été présentés. Comme les précédents, il ne vise encore une fois qu’à isoler des catégories de cheminot-e-s pour plus facilement dissoudre l’entreprise publique SNCF au sein d’un Groupe où règne le dumping social.
De ce point de vue, les évolutions présentées pour la direction régionale PACA tout comme ce qui est prévu pour les « fonctions Transverses » illustre bien l’abandon du niveau de gestion de l’EPIC pour la mise en place d’une véritable gestion de Groupe, laquelle peut s’appuyer sur une gestion des ressources humaines désormais officiellement le meilleur appui de la ligne managériale. Sans compter qu’avec « Mobil Plus », la direction peut compter sur un outil informatique qui va faire des EME de véritables agences du Pôle Emploi SNCF.
Le fait même de présenter ces nouveaux projets alors que les fédérations syndicales ont demandé un moratoire sur les réorganisations, illustre bien les capacités de négociation actuelles de la direction.
C’est pour cette raison que nous pensons qu’il faut un mouvement de grève tous services, et reconductible en assemblées générales, pour construire un rapport de force qui permette de se faire entendre à nouveau, et changer les orientations de la direction SNCF et du gouvernement.
Un rapport de force qui permette de maintenir une véritable entreprise de service public plutôt que la multinationale que vous voulez nous imposer.
Un rapport de force qui puisse poser la question d’une nécessaire redistribution des richesses, à l’échelle de l’entreprise - en augmentant les salaires - comme de la société, à propos par exemple du financement des retraites.
C’est pourquoi, lors de la prochaine réunion interfédérale, le 8 mars prochain, nous proposerons aux autres organisations syndicales un appel à la grève unitaire reconductible dès le 23 mars, jour de mobilisation interprofessionnelle pour la défense des retraites.
Parce qu’il y a urgence à stopper ce démantèlement qui touche chaque métier, chaque établissement, le véritable avenir du service public se joue sans doute davantage à partir du 23 mars que les 14 et 21.
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