Abstention Solidaires au CESE sur la perte d’autonomie
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Intervention de Pierre Khalfa représentant de l’Union syndicale Solidaires au Conseil économique, social et environnemental
Monsieur le Président,
Madame et Monsieur les rapporteurs,
Chers collègues,
Membre de la Commission temporaire chargée d ‘élaborer ce projet d’avis, je voudrais d’abord rendre hommage à son président, M. David Gordon-Krief, qui, avec les deux rapporteurs Monique Weber et Yves Vérollet, a permis que les débats qui s’y sont déroulés soient productifs et aboutissent à un projet d’avis, qui s’il n’est pas totalement satisfaisant, représente un point d’équilibre.
Dans le peu de temps qui n’est imparti, je me contenterai d’expliciter ce qui me pose néanmoins problème. Ce texte est marqué par une série de contradictions qui risquent d’en obérer sérieusement la portée.
D’une part, il « préconise d’inscrire un nouveau droit universel de compensation de la perte d’autonomie », ce qui est évidemment très positif. Mais d’autre part, il n’en définit jamais les contours.
Ainsi un amendement que j’avais proposé qui visait à décliner ce droit en un certain nombre de principes a été refusé.
Cet amendement demandait que le système mis en place soit obligatoire, universel et solidaire, c’est-à-dire qu’il relève de la Sécurité sociale. Il devrait s’appliquer sans conditions d’âge ni de ressources. Les prestations fournies devraient être déconnectées de la contribution financière et être, pour une perte d’autonomie donnée, les mêmes sur tout le territoire national.
Le refus de donner un contenu précis à ce nouveau droit universel s’explique par le fait que le projet d’avis, tout en faisant référence à la solidarité nationale, laisse la porte largement ouverte à l’intervention des assurances privées et mutuelles.
Or, comme le montre la situation en matière de couverture santé, cette intervention est porteuse d’un développement important des inégalités dans la prise en charge du risque, les complémentaires n’offrant une couverture de qualité qu’à celles et ceux qui auront les moyens de payer des primes importantes.
Dans ce cadre, la proposition d’une aide publique à la souscription de contrats pour les revenus modestes pose un double problème.
Si financement par l’Etat il doit y avoir, pourquoi ce financement se fait-il au profit d’organismes privés et non pas de la Sécurité sociale ?
De plus, le problème n’est pas seulement la possibilité de souscrire un contrat, mais la nature de la couverture qui y est attachée.
De ce point de vue, il est absolument évident que les contrats ainsi financés pour les personnes modestes seront a minima.
Ainsi donc, on le voit, le nouveau droit universel de compensation de la perte d’autonomie risque fort, dans ces conditions, de rester lettre morte.
De plus le montant du financement prévu, à la hauteur de 3,2 milliards d’euros, n’est pas la hauteur de l’ambition affichée et ne permettra pas de réduire significativement le reste à charge pour les familles, de décharger les aidants, très majoritairement des femmes et de professionnaliser un secteur encore largement marqué par la précarité du travail et la sous-rémunération.
Ce financement s’appuie en partie sur l’alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs, mesure particulièrement injuste alors que l’on assiste actuellement à une baisse du niveau des pensions.
C’est pour ces raisons, mes chers collègues, que l’Union syndicale Solidaires, que je représente ici, s’abstient sur ce projet d’avis.
14 juin 2011
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